ko, avait rendu possible la résolution des Nations Unies en faveur du partage. Trente ans plus tard, un Égyptien de gauche, qui avait participé aux manifestations contre la guerre, me dit qu'elles avaient été très bien accueillies, et que la foule avait acclamé les manifestants.
Pour des raisons compréhensibles, le roi Farouk n'appréciait pas ces activités, et Curiel fut expulsé d'Égypte. Depuis, il vivait en France, réfugié apatride. Il y fut bientôt rejoint par d'autres membres de son groupe exilés d'Égypte. Ils avaient été désavoués par les autres communistes égyptiens, qui avaient décidé d'adopter une ligue patriotique et d'approuver la guerre égyptienne contre Israël.
A Paris, ce groupe était un phénomène unique. Ses membres étaient devenus des hommes d'affaires, mais ils adoraient toujours Curiel, leur chef incontesté. Curiel apportait son aide à un large éventail d'organisations de libération dans tout le Tiers-Monde: Afrique du Sud, Amérique latine, Asie du Sud-Est. La CIA le soupçonnait d'être un agent du KGB, et avait fait des révélations dans ce sens à plusieurs journalistes. Mais en fait, Curiel était très éloigné de l'orthodoxie soviétique, de l'église officielle communiste et de ses prêtres du KGB. Il était toléré par les services secrets français, bien qu'en principe il ne fût autorisé à résider en France que s'il s'abstenait de toute activité politique.
Je n'ai jamais rencontré son pareil: c'était le révolutionnaire professionnel par excellence. Il avait l'esprit acéré, et faisait plus penser à un jésuite qu'au marxiste convaincu qu'il était. Chaque fois que je passais à Paris, nous nous rencontrions dans un petit café, et je l'écoutais analyser brillamment les événements et les affaires du jour. Nous parlions du Biafra, ou du Vietnam. Quand j'avais besoin d'aide pour une action politique, il était toujours là.
Mais il était toujours aussi attaché à l'idée de la paix israélo-arabe. Il n'avait jamais cessé de penser qu'Israël devait être reconnu et devait faire la paix avec les Arabes, en particulier avec les Palestiniens. Il était en communication directe avec les cercles dirigeants de l'OLP, comme autrefois