- Les Allemands ont tué six millions de Juifs, mais vous avez passé un accord avec eux, et maintenant vous avez des relations amicales avec l'Allemagne. Mais nous, les Palestiniens, nous n'avons pas tué des millions de Juifs, alors pourquoi ne pouvez-vous pas faire la paix avec nous?

Quand j'entendis de nouveau parler de lui, il était fonctionnaire de l'OLP à Beyrouth. Il avait écrit un article dans un journal arabe où il exprimait des vues en faveur de la paix entre Israël et le peuple palestinien très proches de celles de Saïd Hammami.

J'étais donc très heureux de le revoir. Nous nous embrassâmes comme des amis de longue date. Je le présentai à Meir Pail, qui était arrivé avant moi. Matti et Sartawi n'étaient pas encore là. Ils devaient se retrouver quelque part à Paris, et pour une raison quelconque ils avaient été retardés.

Pail, qui était à l'époque membre de la Knesset, où il représentait le petit parti sioniste de gauche Moked, a une forme particulière d'humour sabra, que l'on associe généralement à celui du Palmach, le commando clandestin auquel il était fier d'avoir appartenu.

- Sacrés terroristes! plaisanta-t-il, vous avez peut-être kidnappé Matti Peled!

Ce n'était pas une chose à dire à un Palestinien que l'on rencontre pour la première fois. Sabri fut gravement offensé, il n'oublia jamais cette remarque. Il en reparlait par la suite chaque fois qu'il était question de Meir Pail, qui devint bientôt persona non grata pour diverses raisons.

Bientôt Peled et Sartawi arrivèrent. Je vis un homme bien habillé, avec un visage jeune et des cheveux gris, qui se comportait avec autorité. Il parlait un très bon anglais. Il était évident que c'était un homme habitué à donner des ordres, et qu'il était responsable de la délégation palestinienne, qui comportait, en dehors de lui et de Sabri Jirys, une troisième personne qui paraissait être son aide-de-camp. Sartawi était bouleversé, à juste titre. Sabri et lui venaient de Beyrouth. A cause de la guerre civile, ils n'avaient pas pu

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