des poèmes qu'il avait écrits, et Matti Peled, qui enseigne la littérature arabe moderne à l'Université de Tel-Aviv, proposa de les mettre au programme de ses cours.

- C'est peut-être un peu trop tôt, protesta Sartawi.

Par moments, l'atmosphère devenait si amicale que

nous nous excusions d'oublier que nous étions des ennemis. Mais nous nous affrontions aussi, et Sartawi pouvait réellement devenir caustique. Nous avions une manière différente d'aborder les problèmes qui était la principale source de nos dissensions. Ce phénomène devait se manifester plusieurs fois par la suite, comme auparavant avec Hammami: c'est le facteur temps qui était en jeu. Nous étions impatients. Nous voulions des gestes publics, la confirmation que l'OLP menait effectivement un dialogue avec des Israéliens sionistes. Cela indiquerait qu'elle était prête à reconnaître Israël et à traiter avec lui. Mais les Palestiniens trouvaient cette démarche dangereuse, et soupçonnaient un piège. Si on rendait nos rencontres publiques, leur effort pourrait être tué dans l'œuf.

- Ne faites pas passer la tactique avant la stratégie! s'écria à un moment Sartawi. Un petit avantage immédiat pourrait ruiner nos efforts à long terme. Nous progressons. Notre rencontre le prouve. Mais nous avons un objectif stratégique: la paix. Toute démarche tactique doit lui être subordonnée.

Nous, les Israéliens, n'avions à l'époque que de très vagues notions de ce qui se passait à l'intérieur de l'OLP, quelles forces étaient à l'œuvre dans l'organisation, qui était quoi. Tard dans la soirée, après avoir souhaité bonne nuit aux Palestiniens, nous nous retrouvâmes dans une des chambres pour comparer nos impressions, et nous décidâmes d'insister pour qu'un communiqué soit publié conjointement à la fin de la rencontre.

Quand Matti Peled le proposa le lendemain matin, Sartawi parut contrarié. Nous ne comprenions pas pourquoi.

Après les avoir écoutés, je remarquai:

- La situation est la suivante: nous sommes une armée

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