qui se bat pour le même objectif, la paix. Mais nous luttons sur deux fronts différents. Chacun a ses problèmes, ses nécessités propres. Ce qu'il nous faut en Israël est peut-être différent de ce qu'il vous faut de votre côté. Notre tâche, c'est de réconcilier nos différents besoins.

Après, la discussion devint plus aisée.

Je promis de demander l'aide de Bruno Kreisky, le chancelier autrichien, avec qui j'avais établi des relations amicales. On cita aussi les noms de Pierre Mendès France et du docteur Nahum Goldmann. Mais à ce moment-là, la question qui primait pour Sartawi, c'était de savoir comment faire pour établir un pont entre l'OLP et les États-Unis. Il était profondément convaincu que c'était essentiel pour progresser en direction de la paix.

Apparemment, Sartawi et Sabri Jirys avaient été chargés par les dirigeants du Fath de se rendre aux États-Unis pour y établir un bureau de l'OLP et organiser un lobby favorable à la cause palestinienne. Nous trouvions le moment mal choisi: des élections étaient sur le point de se dérouler aux États-Unis, et tout le monde sait que pendant cette période, la cause arabe a peu de chance de se faire entendre. Le lobby juif, puissant d'habitude, se raffermit encore avant les élections. Pour des raisons que je n'ai jamais vraiment élucidées, Sartawi n'a pas suivi nos conseils, et il est allé aux États-Unis, une démarche particulièrement mal avisée.

Mais ce qui comptait peut-être plus que nos discussions, qui duraient des heures, c'était la manière dont chacun exprimait sa personnalité. Nous apprenions rapidement à nous connaître et à nous apprécier.

Il y avait une certaine similitude entre nous, malgré les grandes différences de caractère. Nous n'étions pas des penseurs utopiques, irréalistes, ni des pacifistes nés, ceux que les Américains qualifient de « cœurs sensibles ». Nous avions tous été des combattants. Peled, Pail et moi avions

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