combattu dans la clandestinité et plus tard dans l'armée israélienne. Peled et Pail avaient longtemps été des militaires de carrière. Arnon avait fait de la résistance pendant l'occupation allemande de la Hollande, et plus tard il était devenu un membre éminent de l'establishment israélien. Sartawi, lui, avait été chef d'un réseau fedayin, et les trois Palestiniens étaient, bien entendu, des officiers de l'OLP.

Sartawi aimait raconter par la suite un épisode de sa première rencontre avec Peled. Ils avaient parlé de la paix et s'étaient trouvés d'accord, mais ensuite, Sartawi avait dit:

- Lorsque nous aurons conclu un traité de paix entre Israël et le peuple palestinien, il faudra que nous nous fassions une dernière fois la guerre.

Quand Peled, surpris, lui avait demandé pourquoi, il avait expliqué:

- Nous avons été trop humiliés sur le champ de bataille. Il faut que nous remportions au moins une victoire pour retrouver notre fierté.

Mais Sartawi ajoutait:

- Le général Peled m'a convaincu qu'au lieu de faire la guerre, nous pouvions disputer un match de football.

Pendant un des repas, je confiai à Sartawi que j'avais été chargé d'une mission secrète par Ariel Sharon, à qui j'avais dit quelques jours plus tôt que j'allais rencontrer un officiel de premier plan de l'OLP. Il m'avait demandé si je pouvais organiser une rencontre entre Yasser Arafat et lui.

- De quoi veut-il parler à Arafat? demanda Sartawi.

- Je crois qu'il veut lui offrir un marché: l'armée israélienne aidera à renverser le roi Hussein, et à installer Arafat comme président de la Jordanie, qui prendra alors le nom de Palestine.

Sartawi se contenta d'éclater de rire.

Au cours d'un autre repas, on parla de nourriture. Nos hôtes avaient préparé, par courtoisie, un plat typiquement arabe, des falafel. Leurs femmes étaient égyptiennes et savaient les préparer. Quand Sartawi essaya de nous expliquer ce qu'étaient les falafel, il fut stupéfait d'apprendre que c'est un plat traditionnel israélien.

129