sation. A partir de ce moment, et jusqu'à sa mort, il fut un membre loyal du Fath.

Ce fut peu après Septembre Noir, en 1970, que Sartawi s'engagea sur une voie qui devait le mener vers une destination inattendue.

Ayant grandi en Irak, il s'intéressa naturellement à l'exode des Juifs irakiens. Très vite, il se plongea dans l'histoire de ce mystérieux épisode.

Il essaya d'abord de savoir ce qui s'était vraiment passé pendant le grand pogrom de Bagdad, un moment décisif de l'histoire des Juifs irakiens. En 1941, alors que tout allait au mieux pour l'Allemagne, un nationaliste irakien, Rachid Ali Al Kilani, avait fomenté un coup d'État en Irak et mis à la porte le régent pro-britannique. L'armée britannique basée en Palestine, réagissant avec promptitude, envahit l'Irak et reprit Bagdad, aidée par des unités jordaniennes et par quelques membres de la résistance juive en Palestine. Mais alors que les Britanniques approchaient de Bagdad, un terrible pogrom fut déclenché dans la ville. Des Juifs furent tués, des femmes violées, des maisons brûlées, les biens pillés, une scène qui rappelait plus la Russie tsariste que le monde arabe. On supposait en général qu'il s'agissait d'un dernier acte de vengeance des nationalistes partisans de l'Axe qui quittaient la ville, d'autant plus que l'ancien Mufti de Jérusalem, Hadj Amin, que l'on considérait comme un ennemi fanatique des Juifs, était alors à Bagdad, invité par le gouvernement de Kilani.

Toutefois, quand Sartawi se pencha sur cet épisode horrible, un tableau complètement différent commença à apparaître. En tant que représentant du Fath, il avait libre accès aux archives irakiennes. Il s'aperçut bientôt que les nationalistes, ainsi que le Mufti, avaient déjà quitté la ville quand le massacre s'était produit. C'était une période d'anarchie, une sorte d'interrègne. Mais ce qui sautait aux yeux, c'est qu'à ce moment-là, l'armée britannique aurait

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