lui présenter une requête. Le Syrien décida d'autoriser tous les Juifs désireux d'épouser une de ces jeunes filles à venir en Syrie, ou bien de permettre à celles-ci de partir pour chercher un mari à l'étranger. Finalement, elles partirent toutes pour l'Occident. Le résultat fut plutôt décevant: la plupart ne trouvèrent pas de mari et finirent pas retourner en Syrie, au grand dam du gouvernement israélien qui se démenait pour alerter l'opinion mondiale sur le terrible sort des Juifs de Syrie. Bien que cet épisode eût fait couler beaucoup d'encre à l'époque, personne ne sut le rôle qu'y avaient joué les Palestiniens. Mais Sartawi y récolta une provision d'anecdotes qu'il me raconta plus tard.

La tâche la plus urgente restait de convaincre les régimes arabes d'abroger officiellement toutes les lois antijuives existantes, de garantir l'égalité totale aux Juifs, et de les inviter à revenir. Ce fut beaucoup plus difficile que Sartawi ne l'avait prévu.

En fin de compte, seule la Libye se conforma entièrement à ces demandes. Dans les journaux européens, on vit apparaître des annonces officielles du gouvernement irakien, invitant les Juifs irakiens à rentrer dans leur patrie pour y connaître les joies de l'égalité.

C'est au Maroc que le travail fut le plus facile. Sartawi et Abou Maazen allèrent voir le roi Hassan, avec qui ils établirent des liens d'amitié qui allaient plus tard porter leurs fruits, comme je le raconterai dans un prochain chapitre. Lorsqu'ils demandèrent au roi de changer les lois et de garantir l'égalité totale aux Juifs du Maroc, il sourit. Ce n'était pas nécessaire, il n'existait au Maroc aucune loi discriminatoire. La communauté juive était heureuse et satisfaite.

Sartawi insista. Le roi Hassan accéda à sa requête et envoya son Premier ministre à Amman, où il fit une déclaration solennelle: tout Juif résidant en Israël et souhaitant rentrer au Maroc serait le bienvenu.

Les efforts de Sartawi eurent un résultat pratique immédiat. Il avait entendu dire à Paris qu'environ dix mille Juifs marocains qui avaient émigré en Israël avaient ensuite gagné Paris, où ils vivaient en apatrides. (C'était une erreur,

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