Tout cela, bien entendu, était absurde. Comme Sartawi me le dit plus tard lui-même:

- J'ai compris la futilité d'essayer de faire accorder des droits aux Juifs dans des pays où ces droits n'existent même pas pour les autres citoyens.

Remarque amère, qui en disait long sur le mépris que les Palestiniens éprouvaient à l'égard des dictatures arabes répressives, qui avaient si souvent trahi leur cause.

Une phrase, dans l'article sur la rencontre au Maroc, méritait une attention spéciale: Sartawi avait déclaré aux notables juifs que pour l'OLP, Israël était maintenant un fait établi, ce qui représentait certainement une évolution décisive dans son attitude et la façon de voir de l'OLP.

Cet article prouve donc, par ailleurs, qu'au milieu de

1976, les services secrets israéliens, et par conséquent le Premier ministre, étaient parfaitement au courant du fait qu'un fonctionnaire de haut rang de l'OLP, nommé Issam Sartawi, exprimait ce genre d'opinion dans des conversations secrètes. Manifestement, les participants juifs à cette rencontre avaient adressé leur rapport aux autorités israéliennes.

Sartawi était un personnage tout à fait logique, un homme capable d'affronter les faits, de les analyser froidement et d'en tirer des conclusions claires, une qualité rare chez les hommes politiques.

Pendant plus d'un an, alors que nos contacts avec Sartawi étaient en plein essor, Hammami était sur la touche. Sartawi le regrettait. Au séminaire de Londres en octobre

1977, il salua en Hammami un grand pionnier du dialogue israélo-palestinien. Deux semaines avant l'assassinat d'Hammami, Sartawi le rencontra à Londres et régla ses différends avec lui. Ils décidèrent de se revoir au milieu du mois de janvier 1978, d'avoir une discussion et d'établir une base commune de travail. Mais le 4 janvier, Hammami était assassiné.

Le 13 février, une réunion commémorative en l'hon¬

144