neur de Saïd Hammami était prévue. Sartawi et moi devions être les principaux orateurs. J'avais reçu une invitation cordiale de deux membres du parlement britannique, Andrew Faulds et Dennis Walters, au nom de la section britannique de l'Association parlementaire pour la Coopération euro-arabe. Mais quelques jours plus tard, je recevais un coup de téléphone de Londres: pouvais-je envoyer un câble pour dire que j'étais malade et que je ne pouvais pas assister à la cérémonie? J'ai su plus tard que les ambassadeurs arabes à Londres, quand ils avaient appris qu'un Israélien était invité, avaient menacé de boycotter la rencontre. Les organisateurs pensaient que leur présence était essentielle. Je m'inclinai et câblai que j'étais trop malade pour participer. Je reçus un télégramme de remerciements. Ainsi les idées mêmes pour lesquelles Hammami avait donné sa vie furent trahies au lendemain de sa mort.

Dans son éloge de Saïd Hammami, un document remarquable, Sartawi évoquait son collègue par des phrases qui allaient malheureusement s'appliquer plus tard à luimême.

Saïd Hammami a finalement dû payer de sa vie pour son courage, sa vision d'avenir, et son amour sans bornes pour son peuple. Il aimait tous les Palestiniens, y compris peut-être ses assassins. Mais surtout, il avait la plus grande sympathie, le plus grand dévouement, pour les Palestiniens qui vivent dans les territoires occupés. A ceux-là, qui ressentent le plus la perte de Saïd, je veux adresser un message depuis ce podium: Saïd est mort pour la Palestine, mais surtout, il est mort pour vous, et nous continuerons à vous chérir comme il l'a fait. Et un jour, nos générations futures honoreront Saïd comme un homme qui aimait son pays et son peuple avec une sincérité passionnée, qui n'avait que faire de la rhétorique.

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