- Dans une des réunions, chez nous, ils m'attaquaient, me dit Issam. Certains m'accusaient d'être l'ami des Juifs. Je leur ai dit: « Pouvez-vous imaginer ce que serait notre culture sans les Juifs? Pouvez-vous imaginer notre héritage sans Samuel? »
Samuel est une figure légendaire de l'histoire arabe. C'était un Juif, chef d'une tribu bédouine en Arabie, avant l'avènement de l'Islam. Un jour un autre chef bédouin, fuyant ses ennemis, lui confia une armure de prix. Peu après, son ennemi arriva à sa poursuite. Il s'empara du fils de Samuel, qui gardait les troupeaux dans un champ, et menaça de le tuer si Samuel ne lui donnait pas l'armure.
- Je préfère que tu tues mon fils plutôt que de manquer à ma parole, lui dit Samuel, et l'ennemi tua son fils.
Depuis, < plus loyal que Samuel » est le plus grand compliment qu'un Arabe puisse faire à un autre.
- Ça les a réduits au silence, conclut Issam.
Après nos conversations de Paris d'octobre 1976, Sartawi et Jirys partirent pour l'Amérique. Notre conseil de remettre ce voyage s'avéra malheureusement bien-fondé. Le moment aurait pu être difficilement plus mal choisi. En période favorable, les efforts de l'OLP pour se faire des alliés et influencer les Américains frisent déjà l'impossible. Il y a six millions de Juifs en Amérique, dont l'influence économique et politique est hors de proportion avec leur nombre,