Saoudite et à l'Égypte, garantirait la stabilité au MoyenOrient. L'une des clauses de ce marché était bien sûr que l'OLP reconnaîtrait Israël sur une base réciproque.

C'était si raisonnable, si logique, que Sartawi ne pouvait pas imaginer qu'un Américain de bon sens puisse rejeter sa proposition.

Mais bientôt, il s'aperçut qu'il se heurtait à un mur. Des fonctionnaires de deuxième ordre l'écoutaient délivrer son message, le visage fermé. Les médias le boycottaient, l'empêchant de s'adresser au public américain. Les chefs de la communauté juive reculaient avec horreur quand il essayait de les approcher. Le lobby juif se récria à l'idée de permettre à l'OLP d'établir un bureau à Washington, objectif principal de la visite.

Et soudain, on s'en prit aux passeports de Sartawi et de Jirys: quelque chose n'allait pas, des détails mineurs étaient faux, les lieux de naissance étaient inexacts. Sartawi voyageait, comme toujours, avec un passeport diplomatique tunisien. Les autorités américaines le savaient, bien avant qu'il ne vînt aux États-Unis.

Mais quand on eut livré ces détails à la presse, un véritable sabbat de sorcières se déchaîna. Le département d'État, qui avait au moins tacitement accueilli Sartawi et envoyé ses fonctionnaires parler avec lui, le pria discrètement de partir. Sartawi refusa froidement. Il fallut que Kissinger intervienne personnellement.

La lutte diplomatique acharnée qui s'ensuivit dans l'ombre est une histoire si stupéfiante qu'au début je n'y croyais pas. J'hésiterais à la raconter si je n'étais pas certain des faits.

Les autorités américaines demandèrent au gouvernement tunisien, au nom de l'amitié entre les deux pays, de rappeler Sartawi. Les Tunisiens hésitèrent, mais pas Kissinger. Il menaça de suspendre les envois de nourriture vers la Tunisie. C'était un argument que même Sartawi ne pouvait pas méconnaître. Il quitta les États-Unis.

Pendant les semaines de son séjour, il avait fait de son mieux pour briser les barrières dressées entre lui et la

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