communauté juive. Tout ayant échoué, il prit les pages jaunes et choisit une synagogue au hasard. Il téléphona, se présenta comme un représentant de l'OLP, et demanda à visiter la synagogue et à s'adresser à la congrégation. Il y eut un silence stupéfait, puis on l'invita à venir parler en privé avec des chefs de la congrégation.

C'était la première fois qu'il pénétrait dans une synagogue, et il était très impressionné. S'attendant à voir une simple maison de prières, dans le style d'une mosquée musulmane, il fut étonné de trouver un centre qui regroupait de nombreuses activités, avec des programmes sportifs, sociaux, éducatifs. L'entrevue débuta dans une atmosphère correcte mais plutôt froide, mais le charme de Sartawi brisa bientôt la glace. Il y eut une discussion animée, et il partit satisfait. Il avait fait entendre ses arguments, et il avait l'impression d'avoir réussi à changer l'image stéréotypée que les Juifs ont de l'OLP - une bande d'assassins et de terroristes. Mais c'était un événement isolé, et son départ coupa court à ses efforts.

Tout ce voyage lui avait laissé un goût amer dans la bouche, une amertume qui allait s'accentuer au fil des années.

Sa mission avait été un fiasco, puisqu'il n'avait pas réussi à établir un bureau de l'OLP dans la capitale fédérale. Toutefois, une mission de l'OLP fut installée à New York quand cette organisation parvint à obtenir le statut d'observateur à l'ONU.

On ne peut que se perdre en conjectures sur ce qui serait arrivé si Sartawi avait eu plus de chance aux États-Unis. Sa propre situation au sein de l'OLP aurait été considérablement renforcée, les éléments modérés de l'OLP auraient vu leur position améliorée et tout le cours des événements des années à venir aurait été changé. On peut penser que le docteur Kissinger le savait et qu'il était résolu à l'empêcher.

Pourquoi? Parce que Kissinger avait officiellement promis au gouvernement israélien, un an plus tôt, pendant les négociations en vue de l'accord provisoire entre Israël et

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