Sartawi n'en fut pas trop irrité. Ainsi que je l'ai déjà dit, au cours de la deuxième rencontre, à laquelle j'avais participé avec Meir Pail, Matti Peled et Jacob Arnon, la question de rendre nos contacts publics fut soulevée et donna lieu à un débat animé. Sur l'insistance de Sartawi, nous nous engageâmes, de manière formelle cette fois, à empêcher toute publication. Nous étions parfaitement conscients que si nous rendions nos rencontres publiques, non seulement cela nuirait aux progrès de notre dialogue et à la confiance entre les deux parties, mais que cela mettrait personnellement en danger Sartawi. Les dirigeants de l'OLP n'étaient pas encore prêts pour un dialogue public, et les extrémistes étaient susceptibles de réagir violemment.

Ce fut donc avec consternation que nous lûmes dans Yedioth Aharonot du 20 octobre un nouvel article de Nakdimon, qui révélait que dix jours plus tôt, une autre rencontre avait eu lieu. Cette fois il donnait tous les détails, citait les noms des quatre participants israéliens, et mentionnait même certains des sujets traités, comme la capture du bateau libanais par la marine israélienne. Seuls les noms des participants palestiniens étaient passés sous silence.

C'était un désastre. Nous nous rendions compte que Sartawi et les dirigeants de l'OLP allaient considérer cette affaire comme un grave abus de confiance, un coup en traître. Cela pouvait représenter la fin de nos efforts, pour lesquels nous avions si patiemment travaillé.

Qui avait divulgué cette histoire? Je pensais, ce qui me fut confirmé par la suite par Nadkimon dans un entretien privé, que la fuite venait de l'intérieur de notre organisation. La conclusion pratique que nous en tirâmes fut de limiter à l'avenir nos comptes rendus aux informations générales, et de ne pas révéler les événements secrets, même à nos collègues. Cette mesure s'avéra efficace, car il n'y eut plus de fuite. L'inconvénient, c'est que toutes les rencontres vraiment secrètes se limitèrent à un très petit nombre de participants israéliens, c'est-à-dire Matti Peled, Jacob Arnon et moi.

En attendant il nous fallait réparer les dégâts. A la fin

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