décembre on m'envoya à Paris pour parler, en l'absence de Sartawi, avec son conseiller le plus proche, un homme que nous connaissions sous le nom d'Abou Faysal, qui avait participé à toutes les rencontres, et dont nous avions appris à apprécier le jugement.

J'ouvris les débats en disant:

- Je viens vous voir la conscience chargée. Ces fuites sont inexcusables. Je n'essaierai même pas de les minimiser.

Cela suffit à rompre la glace.

Le Palestinien était certain que le coupable était Meir Pail, qui s'était vanté de nos contacts. Pendant l'entretien je reçus un coup de téléphone de Sartawi, qui me rassura sur la poursuite du dialogue. Mais il me demanda de renforcer les mesures de sécurité.

- La confiance est tout, me dit-il, si elle est détruite, il ne reste rien.

Nous discutâmes ensuite des nouvelles initiatives. Le dialogue pourrait être élevé à un autre niveau si nous pouvions persuader des personnalités bien connues d'accomplir une démarche audacieuse en demandant un dialogue public sous leur patronage. Quatre noms nous vinrent à l'esprit: le président Senghor du Sénégal, que Sartawi connaissait bien, l'ancien Premier ministre Pierre Mendès France, qui participait déjà dans une certaine mesure, le dirigeant roumain Nicolae Ceausesco, et le chancelier autrichien Bruno Kreisky. J'offris d'aller voir immédiatement ce dernier.

C'est le moment de dire quelques mots de mes relations avec cet homme remarquable, qui ont un certain rapport avec notre histoire.

J'ai rencontré Bruno Kreisky pour la première fois quand je suis allé à Vienne à la fin des années cinquante. Rien chez lui d'extravagant ou d'ostentatoire. Au contraire, il m'a toujours frappé par sa manière neutre de s'exprimer et son humour pince-sans-rire. Une de ses phrases m'est restée en mémoire:

- Nous autres, Autrichiens, nous avons accepté l'idée que nous sommes un petit pays, et que nous n'avons pas

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