Au cours de notre entrevue je lui décrivis Sartawi avec chaleur, pour l'appâter. Je savais combien il était désireux de rencontrer des personnalités intéressantes. Et en effet il me dit: __

- Ecoutez, Uri, pourquoi ne me l'envoyez-vous pas? J'aimerais parler à un authentique membre de l'OLP et en retirer une impression personnelle.

Je passai les jours suivants à organiser la rencontre. Sartawi, comme prévu, retrouva Kreisky à Lech, une petite villégiature où le chancelier passait quelques jours. J'ai toujours regretté de ne pas avoir été présent à cette entrevue, qui a dû être mémorable. Ces deux personnalités si différentes, le vieux juif autrichien et le combattant palestinien, se sont plu au premier coup d'oeil et sont devenus des amis fervents, une amitié qui devait se révéler très fructueuse pour l'OLP par la suite.

Les fuites dans la presse israélienne au sujet des contacts, pour regrettables qu'elles fussent, eurent néanmoins deux conséquences positives, une pour chaque camp.

Du côté israélien, des membres de l'opposition de droite du Likoud virent dans ces révélations une nouvelle occasion d'éreinter le gouvernement. Plusieurs députés soulevèrent la question au Parlement, sous forme d'amendements à l'ordre du jour, blâmant le gouvernement de ne pas mettre fin à ces actes de trahison en nous faisant passer en jugement.

Répondant au nom du gouvernement, le ministre de la Justice, Chaïm Tsadock, déclara nettement que ces contacts n'étaient pas illégaux selon la loi en vigueur. Par scrutin majoritaire, les amendements furent rejetés. Ainsi nous obtenions une résolution officielle de la Knesset confirmant le caractère légal de nos contacts.

En face, le résultat fut également positif, bien que de manière moins officielle. Les fuites avaient largement été rapportées par la presse arabe. L'existence des contacts était

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