Ce jour-là, Matti Peled rencontrait Sartawi à Paris. C'était le quarante-troisième anniversaire d'Issam, et il était d'excellente humeur.

Donc, le 1er janvier, je reçus un coup de téléphone de Paris. C'était Matti, qui jubilait, lui qui montre rarement ses sentiments. Le grand moment était arrivé. Lui et Sartawi avaient décidé de publier un communiqué commun, pour rendre nos contacts publics et appuyer les efforts du Conseil israélien. C'était la percée que nous avions tant attendue.

J'entrai aussitôt en action. J'appelai mes amis de la télévision, leur livrai confidentiellement la nouvelle, et leur offris de la publier les premiers. J'organisai aussi une conférence de presse pour le lendemain, destinée aux journaux nationaux et internationaux.

L'avion de Matti se posait à l'aéroport Ben Gourion peu de temps avant les informations télévisées. J'allai le chercher, lui dis de ne pas attendre ses bagages, et le conduisis à la station de télévision en dépassant toutes les limitations de vitesse. A notre arrivée, on l'introduisit aussitôt dans le studio.

En chemin, il m'avait donné des précisions et mon enthousiasme s'était un peu refroidi. Il y avait bien un communiqué commun, mais le nom de Sartawi n'y était pas cité, et il ne l'avait pas signé non plus. Il en résultait un document insolite, un communiqué commun produit par deux personnes, dont l'une seulement était identifiée, et sans signature. En voici le titre: « Une déclaration à publier en Israël au sujet de la rencontre qui s'est déroulée entre un membre de la direction de l'OLP et le docteur Peled à Paris, le 31 décembre 1976 et le 1er janvier 1977.»

Sartawi n'avait pas pu aller plus loin. Comme d'habitude, il avait avancé d'un pas sans y être autorisé par ses dirigeants, espérant créer un fait accompli qui serait accepté après coup par le mouvement. En général il ne se trompait pas dans ses jugements, et il créait effectivement des événements politiques. Cette déclaration mérite d'être citée in extenso:

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