convaincu que ce seront les Palestiniens qui souffriront le plus de cette guerre.

De tous les malheurs qui se sont abattus sur eux depuis deux générations, celui-là sera peut-être le plus tragique.

Monsieur Arafat,

J'écris cette lettre avec l'impression profonde qu'en ce moment même une décision lourde de conséquences doit être prise par tous ceux - Israéliens et Palestiniens, Juifs et Arabes - qui sont capables de voir où tout cela nous mène.

J'y contribue peut-être un peu en vous écrivant, en offrant ma participation, si petite soit-elle, pour empêcher que la catastrophe se produise. Mais beaucoup de choses, maintenant, dépendent de vous.

Avec tous mes vœux de paix.

Uri Avnery.

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Issam et moi entrons dans un restaurant près de la rue de Seine. Automatiquement, je prends un siège face à la porte.

C'est une manie. Je suis mal à l'aise si je tourne le dos à la porte. C'est peut-être une vieille habitude de soldat, ou la conséquence des attentats dont j'ai été victime, ou une manifestation de ma curiosité de journaliste.

- Ça vous ennuie de me laisser m'asseoir là? me demande Issam.

Ça m'ennuie, mais je lui donne la place. Les tables sont disposées de telle façon dans les restaurants français, que maintenant je suis assis le dos à la porte.

- C'est une question d'honneur arabe, m'explique Issam. Je ne veux pas qu'on me tire dans le dos. Je veux voir mon assassin et pouvoir riposter.

Au bout d'une minute il ajoute:

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