anciens camarades leur avaient expliqué que ce comportement non-marxiste avait été dicté par la nécessité de gagner de l'influence dans la société égyptienne.

Il y avait aussi ses camarades de la résistance algérienne, pour qui Curiel avait risqué sa liberté pendant le combat pour l'indépendance de l'Algérie. Il y avait des visages inconnus, appartenant à des combattants clandestins de différents pays, de différentes races, un véritable panorama des luttes pour la liberté. Ils avaient tous trouvé en Curiel un ami désintéressé qui leur tendait une main secourable.

Et pourtant Curiel n'était lui-même qu'un réfugié sans nationalité, en butte aux soupçons des Américains et des Russes, un homme qu'on ne pouvait faire entrer dans aucune catégorie, un combattant de la paix qui détestait le terrorisme (« la terreur aveugle est une forme de fascisme », me dit-il une fois). Il était l'un des rares êtres humains vraiment irremplaçables, parce qu'il était unique.

Il manquait un visage parmi cette foule d'amis: celui de Sartawi. La police française, qui était responsable de sa sécurité, s'était opposée à ce qu'il assiste à l'enterrement. Sartawi insista, se mit en colère, mais à la fin il dut se conformer à la volonté de ses protecteurs. Il envoya, au nom de l'OLP, une grande gerbe de fleurs, qui fut déposée sur la tombe à côté de celle du Conseil israélien - en signe de deuil silencieux pour l'homme qui avait servi de lien lors des premiers contacts entre Sartawi et nous.

Après la cérémonie, j'allai voir Sartawi à son bureau. C'était le jour anniversaire de l'Indépendance israélienne.

Il s'était passé beaucoup de choses au cours des mois écoulés.

La visite historique d'Anouar El Sadate à Jérusalem avait changé les données du problème. Après une période d'hésitation, l'OLP s'éleva en force contre cet événement.

Sartawi et quelques autres m'ont raconté plus tard ce qui s'était passé. Quand Sadate prononça son célèbre

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