discours au parlement égyptien, dans lequel il annonçait son intention de se rendre à Jérusalem et de s'adresser à la Knesset, Arafat était présent, comme invité d'honneur. Les jours précédents, il s'était beaucoup dépensé comme médiateur entre la Libye et l'Égypte, qui étaient à couteaux tirés, comme d'habitude, et Sadate l'avait invité à la séance parlementaire pour lui marquer sa gratitude. Là, le président égyptien l'avait abreuvé de compliments. Arafat était content. Il était encore en train d'applaudir joyeusement, quand Sadate, de but en blanc, dévoila son intention. Avant qu'Arafat se rende compte de ce qui se passait, il se trouva dans une position où les observateurs étrangers allaient forcément penser qu'il était au courant du projet. Il se sentit possédé.

Toutefois, il ne se prononça pas tout de suite contre l'initiative égyptienne, attendant, selon son habitude, de voir comment les choses allaient tourner. Mais quand il rentra à Beyrouth, c'était une quasi-révolte qui l'attendait. Les Palestiniens étaient outragés, ils se sentaient trahis par l'Égypte, un pays qu'ils aimaient pour la plupart. Arafat dut céder devant ce consensus, et depuis il s'est montré l'ennemi implacable de l'initiative égyptienne.

J'ai toujours eu le sentiment que tout cela était en grande partie la faute de Sadate. Non seulement il n'avait pas consulté les Palestiniens à l'avance et avait placé Arafat dans une position impossible, mais il ne mentionna pas même l'OLP dans son discours à la Knesset, une omission fatale.

Sartawi raconta qu'avant le discours, Begin avait envoyé Dayan à l'hôtel King David, où était Sadate, pour lui faire savoir qu'il pouvait dire tout ce qu'il voulait, mais que, sur un point, il y avait une requête spéciale du Premier ministre: il ne devait pas mentionner l'OLP. Sadate s'inclina. Je pense que ce fut une erreur historique, qui transforma son geste unique en un échec partiel. Contrairement à mes amis palestiniens, je crois que Sadate était sincère dans sa tentative d'aider les Palestiniens. Cependant, comme son ami Kreisky, il ne comprenait pas la mentalité de Begin.

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