Jérusalem. C'est ainsi que j'appris qu'un terrible massacre s'était produit près de Jérusalem. Des terroristes de l'OLP avaient débarqué sur la côte, tué une photographe qu'ils avaient rencontrée par hasard (une gentille fille qui m'avait plusieurs fois vendu des photos) et s'étaient emparé d'un car plein de passagers en route pour Tel-Aviv. On les avait interceptés en chemin, et dans la fusillade qui avait suivi, il y avait eu de nombreux morts, dont les fedayin. Quand j'en parlai à Sartawi par la suite, il s'avéra de nouveau que nous n'avions pas la même attitude face à de tels incidents. Comme moi, il pensait que ce genre d'attaques étaient nuisibles et improductives. Mais il ne les condamnait pas pour des raisons morales.

- Que voulez-vous? me dit-il, voilà des hommes, probablement mal entraînés, qui pénètrent en pays ennemi. Vous ne pouvez pas comparer les actes d'une poignée de gamins terrifiés, comme ceux-ci, aux offensives aériennes, ou terrestres, contre nos femmes et nos enfants dans les camps de réfugiés au Liban, qui sont froidement préparées, commandées et exécutées par des officiers d'état-major.

C'était là un des obstacles psychologiques à un dialogue israélo-palestinien. Pour les Israéliens, les fedayin étaient des assassins sans pitié, des terroristes qui s'attaquaient à des écoliers et à d'inoffensives familles pour le seul plaisir de répandre du sang juif. Pour les Palestiniens, ils étaient des héros et des martyrs, qui s'introduisaient dans le pays d'un ennemi largement supérieur en nombre, affrontant une mort presque certaine, à peu près comme les résistants français face aux nazis qui occupaient leur pays.

C'était un cercle vicieux, susceptible par moments de décourager le coeur le plus résolu.

Issam lui aussi était parfois découragé.

Un jour, pour parler d'autre chose, je lui demandai ce qu'il pensait des greffes du cœur. La première venait d'être pratiquée avec succès en Israël. En tant que cardiologue,

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