Sartawi condamnait ces opérations. Un pourcentage de réussite de deux pour cent ne les justifiait pas, à ses yeux. Il pensait qu'il valait mieux aller beaucoup plus loin dans la recherche.

Depuis l'invasion du Sud-Liban, les Israéliens s'étaient mis à s'intéresser à ce pays. A ma demande, Issam me brossa un tableau détaillé des réalités libanaises, dont je me servis plus tard dans mes articles sur la situation dans ce pays. Je me demande souvent aujourd'hui combien d'erreurs les Israéliens auraient pu éviter de commettre au Liban si notre gouvernement avait lu de plus près ces articles. Ils étaient certainement basés sur des renseignements très différents des observations rassemblées par le canal des services secrets israéliens, ou du moins, vus sous un angle totalement différent. Je tiens beaucoup à une petite carte qu'Issam a dessinée sur mon carnet, avec mon stylo, pour m'expliquer les batailles de la guerre civile de 1976. A un moment il s'écria:

- Le Liban ne nous intéresse absolument pas! Nous détestons ce pays! Tout ce que nous voulons, c'est y subsister jusqu'à ce que nous puissions créer notre propre Etat en Cisjordanie!

Cela me fit penser à Theodor Herzl, le fondateur du sionisme moderne, qui avait un jour proposé de créer une colonie juive au nord du Sinaï, alors sous contrôle britannique, jusqu'à ce que la colonisation de la Palestine même, alors dominée par les Turcs, devienne possible.

J'abordai la question du prisonnier palestinien. A la fin de « l'Opération Litani », comme on appelait en Israël l'invasion du Sud-Liban en mars 1978, quatre soldats israéliens de réserve avaient par erreur franchi les lignes. Trois avaient été tués sur place, le quatrième fait prisonnier. De grands efforts étaient déployés pour obtenir sa libération.

Avant mon départ pour Paris, Ezer Weizmann, le ministre de la Défense, avait envoyé un messager pour me demander d'essayer d'utiliser mes contacts dans ce but. Avec mon ami l'avocat Amnon Zichroni, je tentai plusieurs

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