démarches. J'en parlai aussi à Sartawi. Ne serait-ce pas une idée magnifique que l'OLP nous remette le prisonnier, en gage de sa bonne volonté? Le mouvement pacifiste y gagnerait sûrement du respect en Israël. (Six ans plus tard, le président syrien Hafez Al Assad fit un geste comparable en rendant un pilote américain à Jesse Jackson. Pendant la guerre du Vietnam, des pacifistes américains en visite à Hanoï, la capitale ennemie, avaient obtenu la libération de prisonniers américains, ce qui avait beaucoup contribué à améliorer leur image auprès du public.)

A notre prochaine rencontre, Sartawi me dit qu'il avait parlé du prisonnier à Arafat qui avait répondu: « Rien ne presse. Le prisonnier est très bien traité. Quand ses gardes palestiniens ont une pomme, il en a deux. Quand ils ont un steak, il en a un et demi. Il est l'objet de beaucoup d'intérêt et de curiosité, et on le traite comme un héros. Les corps de ses trois camarades sont gardés dans une chambre froide. »

Finalement, le prisonnier fut relâché en échange de la libération d'environ quatre-vingts « terroristes » détenus dans les prisons israéliennes. Kreisky et Sartawi avaient participé à des négociations secrètes, l'une des raisons pour lesquelles je vis souvent Issam à Vienne. Mais nous n'avions joué aucun rôle dans cette libération - encore une occasion manquée.

Je rencontrai Menahem Begin à une réception diplomatique avant l'échange des prisonniers. Quand il me vit, il vint vers moi, me serra la main avec chaleur, et me dit à voix basse:

- J'ai entendu dire que vous aviez pris une part active à la libération de notre prisonnier. Dieu vous bénisse!

Les personnes qui nous entouraient étaient curieuses de savoir ce que le grand homme m'avait chuchoté à l'oreille.

Venant de celui qui considérait tous les membres de l'OLP comme des meurtriers abjects et qui s'opposait avec acharnement à nos contacts, c'était une étrange bénédiction. Mais d'une certaine manière, très caractéristique d'Israël.

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