Au lendemain des accords de Camp David, les chefs d'État arabes furent convoqués à une conférence au sommet, qui se déroula à Bagdad au début de novembre 1978. Au grand étonnement de nombreux spécialistes, ce sommet de Bagdad adopta une résolution très modérée, qui disait: « La conférence affirme la volonté de la nation arabe de parvenir à une paix juste basée sur le retrait total des forces israéliennes des territoires occupés en 1967, et sur la garantie des droits nationaux inaliénables du peuple palestinien, y compris celui d'établir leur État autonome sur leur sol national. » En langage arabe, cela signifiait la reconnaissance effective d'Israël dans ses frontières d'avant 1967, et la création d'un État palestinien sur la Rive Ouest et à Gaza, avec sa capitale à Jérusalem-Est - un programme très semblable à celui du Conseil israélien.

C'était la première fois que le monde arabe dans son entier se regroupait officiellement autour d'une plate-forme de paix. C'était une grande victoire pour Yasser Arafat, qui avait travaillé dans ce sens en coulisses. L'initiateur de cette motion avait été l'Arabie Saoudite, qui avait repris la direction du monde arabe après le retrait de l'Égypte. Les Saoudiens, maintenant, avaient peur d'une radicalisation palestinienne qui déstabiliserait leur régime si on ne trouvait pas bientôt de solution, et ils craignaient aussi la menace d'Israël et de l'Iran sur leurs gisements de pétrole. C'est pourquoi ils préconisaient activement la recherche d'une formule pacifique. La Syrie et l'Irak, les deux rivaux et ennemis jurés, s'étaient momentanément unis contre l'Égypte.

Ces résultats de Bagdad étaient déterminants pour les dirigeants palestiniens. Pour la première fois, ils obtenaient l'aval unanime des pays arabes pour la politique modérée de l'OLP. Quand je revis Sartawi au milieu du mois de décembre à Vienne, il me dit:

- J'étais fou de joie. Je n'avais plus besoin de craindre qu'on me tire dans le dos.

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