Il m'apportait aussi un message d'Arafat. Il l'avait noté sur un papier. Mais en revenant il avait appris que l'avion faisait escale à Damas, et s'était précipité dans les toilettes pour le détruire. Il dut me transmettre ce message de mémoire.

Le président avait lu la lettre que je lui avais adressée, comme les précédentes. Il voulait d'ailleurs me remercier tardivement pour la lettre ouverte que je lui avais écrite en 1970, dans laquelle je l'avertissais des desseins de la Jordanie contre l'OLP, qui se concrétisèrent par Septembre Noir. Il se souvenait clairement de cette lettre (que j'avais moi-même complètement oubliée). Sartawi avait aussi parlé à Arafat d'un projet dont nous avions discuté ensemble: il s'agissait de publier, en hébreu, un recueil des discours et des déclarations d'Arafat, qui avaient souvent été passés sous silence ou déformés. Il avait accepté.

Mais tout cela ne suffisait pas. Le grand geste spectaculaire dont nous avions besoin pour aller de l'avant n'était pas encore pour demain.

Pendant ces mois-là, je vis beaucoup Issam, le plus souvent à Vienne, moins dangereuse que Paris. La police autrichienne, sur ordre direct du chancelier, se mettait en quatre pour le protéger.

Je l'informai que j'allais retourner à la Knesset, après une absence de cinq ans, car il était prévu que je remplace Lova Eliav, en vertu d'un accord de rotation de deux ans.

L'une de mes intentions était de déployer un drapeau palestinien, avec un drapeau israélien, à la tribune de la Knesset, à un moment choisi. Je demandai donc à Issam de m'apporter un petit drapeau palestinien de Beyrouth. Il partait assister au Congrès national à Damas, et effectivement, revint avec un drapeau. Les perspectives de la conférence n'étaient guère encourageantes. Les forces combinées de la Syrie et de l'Irak créaient des difficultés pour la fraction des réalistes.

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