survivants d'une civilisation ancienne, qui ont rejoint le monde moderne grâce au sionisme. Le sionisme, en tant que mouvement, a été l'instrument de l'assimilation collective des Juifs dans la société du XXe siècle.

Issam partageait la plupart de ces vues. Mais son attitude à l'égard d'Israël et du sionisme était ambivalente. Il s'intéressait à Israël en tant qu'ennemi, mais cet intérêt engendrait autre chose que de l'hostilité, une sorte d'attachement. Il nous était arrivé la même chose en sens inverse: c'était une sorte d'osmose. Je lui parlai de l'article que j'avais écrit en 1949, Pax Semitica, où je proposais une confédération multinationale, et non antinationale, du Moyen-Orient, que j'appelais « la région sémitique ».

- Bonne idée, commenta-t-il.

Un jour, nous publierions ensemble un manifeste sémitique qui demanderait la mise en commun de nos ressources: le pétrole, la main-d'œuvre, et le dynamisme de nos peuples.

Au moment de nous séparer après cette série de rencontres, il me dit:

- Au revoir *, si je ne suis pas tué.

- J'ai l'impression qu'aucun de nous ne sera tué, répondis-je avec optimisme.

Pendant l'été 1979, Kreisky avait remporté une victoire retentissante aux élections.

L'un des premiers geste du Bundeskanzler après sa réélection fut d'inviter Arafat à Vienne, pas encore en tant que chef du gouvernement autrichien, mais au titre de dirigeant du parti socialiste. Quand je lus dans la presse qu'Arafat était arrivé à Vienne, j'appelai Kreisky chez lui, pour le prier de convaincre Arafat de faire un geste quelconque à l'égard du mouvement pacifiste israélien. Kreisky répondit lui-même au téléphone, et quand je commençai à lui exposer ma requête, il m'arrêta:

* En français dans le texte.

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