- Pourquoi ne lui parlez-vous pas vous-même? Il est assis juste à côté de moi. Je vais lui demander.

Quelques minutes s'écoulèrent. J'entendais des voix. Je ressentais une impression étrange: jamais je n'avais été si près d'Arafat.

Puis quelqu'un prit le récepteur et j'entendis la voix familière d'Issam.

- Le président ne juge pas opportun de parler avec vous maintenant, mais il est là près de moi, et il me demande de vous transmettre, à vous et à vos amis, ses salutations les plus cordiales.

Au début de l'année 1979, au cours d'un de nos entretiens, Kreisky m'avait demandé mon avis sur un projet qu'il avait formé. Quelqu'un avait fait don d'une certaine somme pour célébrer son anniversaire. Plutôt que d'accepter l'argent, Kreisky avait demandé qu'on créât un prix. Le « Prix Bruno Kreisky » serait attribué tous les trois ans à une ou des personnes ayant accompli un travail remarquable en faveur de la paix, ou dans un but humanitaire. Kreisky voulait utiliser ce prix pour promouvoir l'idée de la paix israélo-palestinienne. Il proposait d'accorder celui de 1979 conjointement à Sartawi et à un Israélien. Qu'est-ce que je pensais de Lova Eliav? Il le préférait à d'autres, parce qu'Eliav était l'ancien secrétaire du parti travailliste, et Kreisky désirait ouvertement le convaincre de quitter notre parti, le Sheli, pour rejoindre les travaillistes. Cela ne me plaisait pas, bien sûr, mais j'étais favorable à l'attribution du prix à un Palestinien et un Israélien, et j'appuyai donc sans réserve la candidature d'Eliav. Quand je rentrai en Israël et en parlai à Lova, il fut d'abord outré qu'on eût pris une telle décision sans le consulter, mais ensuite il se laissa fléchir, et accepta.

De l'autre côté, la situation était beaucoup plus compliquée. L'OLP n'était pas prête pour une nouvelle manifestation de fraternisation israélo-palestinienne. Sartawi se

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