vit donc interdire de participer à la cérémonie de remise du prix.

C'était un affront direct pour Kreisky, surtout après qu'il se fut donné la peine d'inviter Arafat. Issam était furieux contre ses collègues, et il se conduisit donc à sa manière caractéristique: sans tenir compte des instructions, il se rendit à la cérémonie, qui se déroula après un long retard en octobre 1979, mais sans trop de tapage, à sa demande. Personne n'ayant été invité d'Israël, j'étais absent, et je le regrettai beaucoup par la suite, parce que j'aurais pu empêcher les choses de se passer comme elles l'ont fait.

Au cours de la cérémonie, on demanda aux deux récipiendaires de s'adresser à l'assemblée. Sartawi, bien sûr, loua l'OLP, mais il essaya de faire un discours aussi peu provocant que possible. Il espérait que Lova ferait de même.

Mais il n'est pas dans le genre d'Eliav de s'occuper des susceptibilités d'autrui. Il en profita pour prononcer un discours où il faisait l'apologie de l'idéologie et de l'action sionistes.

Sartawi, lui, était fort embarrassé, et inquiet. Comme il me le dit plus tard:

- D'accord, Lova aurait pu mentionner le sionisme une fois, juste pour la forme. Mais sachant dans quelle situation délicate je me trouvais, ne serais-ce que par ma présence, pourquoi a-t-il fallu qu'il insiste?

Dans tout le Moyen-Orient, les journaux arabes prophétisèrent qu'Issam Sartawi passerait en jugement pour s'être montré à la cérémonie en compagnie d'un leader sioniste. Certains réclamaient son exécution. L'occasion était trop belle pour les adversaires de Sartawi et de sa politique d'unir leurs forces pour le détruire.

Le 5 décembre, je téléphonai à Sartawi à Paris.

- Qu'allez-vous faire? demandai-je.

- Je rentre, vous savez, pour affronter les fauves.

- Quand revenez-vous?

- Si je reviens...

Puis il ajouta:

- Et si vous souleviez un peu cette question? Cela ne

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