ferait pas de mal d'appeler notre ami commun, vous savez qui je veux dire, et de lui dire ce que vous avez appris, sans me nommer, bien sûr.

Je promis d'appeler Bruno Kreisky le lendemain.

- Cela ne peut pas nuire, et ça donnerait une dimension internationale à mon affaire.

Un an auparavant, à la fin d'un dîner chez Bruno Kreisky, celui-ci nous avait fait spontanément une promesse:

- Si jamais l'un de vous deux est persécuté, nous mobiliserons l'opinion internationale.

C'était le moment de le prendre au mot. Le lendemain j'appelai Vienne et parlai au chancelier.

Issam disparut complètement pendant un mois. Kreisky se démenait, faisant savoir que s'il arrivait malheur à Sartawi, cela aurait des conséquences incalculables.

Le 5 janvier, Sartawi reparut miraculeusement, plus fringant que jamais. Il me dit au téléphone que ses adversaires continuaient à lutter contre lui, ajoutant:

- Mais le gros de la troupe soutient fermement nos activités. De toute façon, il fallait que cela sorte au grand jour. Après tout, nous sommes le seul espoir pour toute la région. Il faudra bien que nous gagnions.

- Nous vaincrons.

- D'accord, Uri.

- Rachel aussi dit que nous vaincrons.

- Nous vaincrons.

Rachel était sur le pas de la porte et écoutait, et aux mots « nous vaincrons » elle avait automatiquement entonné l'hymne de Martin Luther King, que nous avions chanté en hébreu et en anglais dans tant de manifestations.

Quand nous reparlâmes de cet épisode lors de notre rencontre suivante, il nous parut évident que le Prix Kreisky n'avait pas été le seul prétexté de l'attaque dirigée contre Sartawi. Il y en avait un autre, et peut-être encore plus grave.

Alors qu'il était à Vienne, Sartawi s'était vu demander par Kreisky s'il aimerait rencontrer le Premier ministre

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