Sartawi nous avait fait venir parce qu'il avait un grand projet, et voulait nous consulter avant d'en parler à ses chefs.
La situation au sein de l'OLP évoluait de façon favorable, et il pensait qu'on pouvait maintenant réaliser de grandes choses.
Et certes, le projet qu'il nous exposa dans le salon tranquille et confortable était ambitieux. Le jour fatidique serait celui des élections israéliennes de 1981. L'objectif était d'envoyer quinze députés défendant notre programme à la prochaine Knesset.
Ce chiffre nous fit sourire. Pour un parti restreint, ou récent, gagner quinze sièges au parlement est une immense entreprise.
Nous étions disposés à nous contenter de bien moins, disons d'une section parlementaire de cinq ou six membres. L'expérience prouve que même un aussi petit groupe, dans un parlement de cent vingt membres, peut jouer un rôle crucial si le gouvernement dépend de son vote. En fait, le gouvernement de Begin dépendait des quatre voix de la faction ultra-orthodoxe Agudat Israël, qui pouvait pratiquement dicter ses volontés au gouvernement et ne s'en privait pas. Mais Issam ne voulait rien savoir. L'objectif devait être de taille, pour produire de l'impression sur le comité central de l'OLP.
Il nous exposa ses idées, et à l'écouter, l'impossible paraissait possible. En supposant que les élections se tiennent à l'automne 1981, il nous restait un an pour agir. Durant cette année, on orchestrerait une série d'événements de plus en plus spectaculaires, tels que des conférences israélo-palestiniennes, des rencontres entre des pacifistes israéliens et des fonctionnaires de haut rang de l'OLP, etc. Dans le même temps, nous créerions des mouvements de soutien à travers tout l'Occident. Nous deviendrions une force dans la politique israélienne, et le prochain gouvernement travailliste (tout le monde pensait que les travaillistes allaient revenir au pouvoir) dépendrait de nos votes. Cette puissance, nous l'utiliserions pour orienter la politique israélienne en direction de la paix. Notre réussite ferait