Et que pouvions-nous faire pour mettre fin, une fois pour toutes, à la fâcheuse habitude qu'avait l'OLP de publier un démenti chaque fois que nous avancions d'un pas?

C'était de loin la discussion la plus concrète que nous ayons jamais eue. Nous entrions dans une nouvelle phase.

Nos hôtes, qui nous avaient laissés tranquilles pendant les délibérations, nous avaient préparé un dîner, autour duquel nous nous détendîmes, échangeant des souvenirs. Nous comparâmes encore une fois les éléments dont nous disposions à propos des bombes de Bagdad en 1950. Et je parlai à Sartawi du soi-disant « incident de sécurité » qui avait donné naissance à la fameuse affaire Lavon.

Nous étions d'excellente humeur.

Sur le chemin du retour, dans l'avion, nous échangeâmes nos impressions. A la lumière de notre longue expérience, nous étions un peu sceptiques. Nous étions convaincus de la sincérité totale d'Issam, mais était-il capable de réussir son coup?

Mais cette fois, les choses parurent se débloquer. A la fin de 1980, nous recevions le message que nous attendions: « Venez immédiatement à Paris. »

Une Juive ashkénaze égyptienne vint nous chercher à l'aéroport Charles de Gaulle. Nous nous entassâmes dans sa petite voiture avec nos bagages, et sur la route de Paris elle nous annonça la nouvelle: nous partions tous au Maroc pour y rencontrer le roi.

- C'est incroyable, disait Arnon.

Nous nous préparâmes pour le voyage dans l'appartement d'un des membres du groupe Curiel. Issam fit son apparition, rayonnant de confiance. Tout était prêt. Nous aurions des faux papiers pour entrer au Maroc, avec des noms arabes, et nous volerions jusqu'à Rabat dans un appareil de Royal Air Maroc. Tout avait été préparé par l'ambassade du Maroc à Paris sur ordre direct de Sa Majesté.

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