riche commerçant opérant au Koweit, où il importe du matériel électronique japonais. De stature imposante, il est doté d'un merveilleux sens de l'humour, et d'un grand sens politique. Au bout de quelques minutes nous l'appelions Khaled, et il nous appelait par nos prénoms.

Le débat commença. Matti l'ouvrit en expliquant de manière méthodique et concise en quoi consiste le mouvement pacifiste israélien, quel est son potentiel et quels sont ses problèmes. Ben Souda et son collègue Ahmed Al Khadera écoutaient attentivement. Leur tâche, nous expliquèrent-ils, serait de mettre au courant Sa Majesté avant notre rencontre. Pour cela ils devaient traiter les problèmes avec nous afin de soumettre au roi des propositions concrètes, qui pourraient être discutées avec lui. Personne ne prenait de notes, mais nous nous aperçûmes plus tard qu'ils étaient experts dans l'art d'écouter, d'assimiler et d'analyser. Rien ne leur échappa.

Ensuite, notre hôte nous offrit un repas. De nouveau, la conversation prit un tour humoristique. C'est l'histoire de ce jeune alcoolique de Damas. On lui dit que son oncle, un hadj musulman très pieux, passe par la ville à son retour de La Mecque, et compte descendre chez lui. En hâte, le jeune homme cache toutes les bouteilles d'alcool de la maison. Le cheik arrive, et s'installe devant un dîner, prenant tout son temps pour manger. Son hôte meurt d'envie de boire un verre. Bientôt il n'y tient plus:

- Mon oncle, dit-il, je dois te dire quelque chose. Je suis très malade et le docteur m'a prescrit de prendre un verre de whisky avec de l'eau avec chaque repas.

- C'est défendu par Allah! s'écrie le cheik.

Le neveu endure encore son mal pendant quelques minutes, puis il éclate:

- Ya cheik, il y va de ma vie! Il faut que je boive tout de suite un verre de whisky avec de l'eau.

- C'est défendu par Allah, répond le cheik, il ne faut jamais mélanger le whisky avec de l'eau!

Entre les histoires, la nourriture et le bon vin rouge marocain, la conversation politique continuait, parsemée

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