d'anecdotes personnelles. Notre hôte nous apprit qu'à l'origine sa famille venait de Grenade. L'un de ses ancêtres avait étudié avec un célèbre médecin juif, et tous les membres de sa famille avaient été avocats ou médecins.

- Tous, sauf moi, sont des poètes, ajouta-t-il modestement.

Le roi lui-même, c'était bien connu, appartenait à une famille où la tradition de coopération judéo-musulmane remontait à plusieurs siècles.

En écoutant ces propos, et en observant le parfait mélange de cultures arabe, marocaine, et franco-européenne, je ne pouvais m'empêcher de penser à un sujet qui allait me hanter les deux jours suivants: pourquoi les Juifs marocains étaient-ils méprisés en Israël, et faisaient-ils l'objet d'une discrimination de la part des ashkénazes? Qu'était-il arrivé à leur héritage culturel?

Je découvris que dans l'élite marocaine, personne ne tenait rigueur aux Juifs qui avaient quitté le pays pour Israël. Ils étaient toujours considérés comme des Marocains.

A la fin de la soirée, les conseillers du roi nous demandèrent d'essayer de condenser nos requêtes en quelques articles concrets. Matti dressa une liste à laquelle Arnon et moi ajoutâmes quelques points. Khaled Al Hassan l'amenda et la modéra ici et là. Finalement le tout fut concentré sous la forme de quatre propositions. Nous demandions:

1) Que le roi, en tant que président de la conférence islamique qui allait se réunir dans quelques jours, veille à ce qu'elle fasse mention de la paix avec Israël dans ses résolutions. C'était une proposition d'Arnon.

2) Si c'était impossible, que le roi interprète les résolutions dans son propre discours, et y ajoute que la paix avec Israël doit faire partie d'une paix totale au Moyen-Orient. C'était ma proposition. Matti Peled suggéra aussi que le roi s'adresse au gouvernement israélien dans son discours et attire son attention sur le fait qu'il laissait passer une belle occasion de faire la paix, maintenant que le monde arabe était disposé à faire la paix avec lui.

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