d'honneur. Pour la Syrie, la paix serait une catastrophe.

Vers 5 heures, nous reçûmes le coup de téléphone tant attendu. L'audience avec le roi était pour le lendemain à 11 heures. Tout ce temps n'avait pas été employé en vain: le roi avait été minutieusement mis au courant, de nombreux détails avaient été vérifiés.

- Maintenant il connaît le grade exact de Matti Peled et la taille des cols de chemise d'Uri Avnery, nous dit un de ses conseillers.

Entre-temps, nous étions libres de faire ce que nous voulions. Nous décidâmes de visiter la ville, en particulier le souk.

Après la visite de rigueur à l'impressionnant mausolée du roi Mohammed V, le père d'Hassan, qu'on avait considéré comme un ami et un protecteur des Juifs, nous pénétrâmes dans le souk. Ce fut une expérience inoubliable, qui ajouta au caractère irréel de l'aventure. Nous cherchions tous des objets différents. Matti aurait aimé découvrir des éditions rares de littérature et de poésie arabes. Je voulais acheter des cassettes de musique marocaine. Arnon, lui, cherchait des souvenirs pour sa femme, Luce. Il n'arrivait pas à croire que nous étions vraiment là.

- Ce n'est pas vrai, je rêve, répétait-il sans cesse.

S'il n'achetait pas des cadeaux authentiques, disait-il,

même sa femme ne le croirait pas.

Finalement, nous achetâmes tous une robe de couleur vive pour nos épouses, passant beaucoup de temps à la choisir. Pour moi, je pris une belle djellaba marocaine, noire avec un capuchon, comme celle de l'officier de sécurité qui nous avait accueillis à l'aéroport. Quand, des années plus tard, j'osai la porter à une soirée costumée en Israël, on me prit pour un moine.

En quittant le souk pour retrouver notre taxi, je croisai une très belle jeune femme. Comme j'étais heureux, je lui souris. Elle hésita un instant, puis elle me sourit aussi, d'un sourire radieux qui éclaira tout son visage.

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