pourquoi. Sa Majesté n'était pas à Rabat, mais dans une exploitation agricole appartenant à la maison royale, quelque part entre Rabat et Casablanca.

Nous étions assis à des petites tables - les deux conseillers du roi, les trois mousquetaires israéliens (le surnom que nous nous étions donnés), et les trois Palestiniens, Khaled, Issam et l'ambassadeur de l'OLP au Maroc, Abou Marouan, dont le vrai nom était Wadja Hassan Ali Kassem. Des peintures abstraites très modernes décoraient les murs. Des serviteurs vêtus de blanc nous servirent des boissons froides, de la soupe marocaine khareira avec du lait, et le meilleur yoghourt que j'aie jamais mangé.

- Les produits viennent de l'élevage de Sa Majesté, commenta Ben Souda. Sa Majesté est en train de prendre son petit déjeuner, et elle nous a envoyé des échantillons de sa production.

Le roi fit son entrée, il portait un blazer bleu avec des boutons dorés, un pantalon gris, une chemise blanche et une cravate noire. Il serra toutes les mains - les Marocains s'inclinèrent -, et nous fit passer dans son bureau.

Du même âge que moi à peu près, un peu plus petit, je fus frappé au premier abord par son air d'assurance modeste. Il possédait cette bonne éducation que l'on associe aux descendants de longues lignées royales. En tant qu'héritier direct du prophète Mahomet, il était à la fois un chef spirituel et temporel.

Le roi engagea la conversation sur le mode léger. S'il avait mis une cravate, se plaignit-il, c'était parce que Khaled Al Hassan s'habillait toujours de façon si stricte. Et voilà que Khaled était sans cravate, arborant une veste marron plutôt décontractée. Le roi ajouta qu'il avait amené un général à l'entrevue par égard pour le grade de Matti. Le général marocain, en civil, était tranquillement assis en retrait. C'était le général Dlimi, le principal conseiller du roi en matière de sécurité, qui mourut par la suite dans un accident.

Matti ouvrit la discussion en prononçant une formule de salut arabe, puis le roi entra dans le vif du sujet.

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