Nous avions suggéré qu'en tant que président de la conférence islamique, il essaie de persuader cette assemblée d'adopter une résolution en faveur de la paix faisant mention d'Israël, et il était modérément optimiste sur ce point. Il serait plus aisé de convaincre une conférence islamique que purement arabe, mais même dans ces conditions ce ne serait pas facile.

Par contre, il était disposé, quand le moment serait favorable, à déclarer qu'Israël commettait une grave erreur en ne tenant pas compte du fait que le monde arabe était prêt à faire la paix avec lui.

De plus, il était tout à fait d'accord pour s'adresser à la communauté marocaine en Israël et lui demander de soutenir les forces de la paix (au lieu de constituer le gros de l'électorat du Likoud). Il existait des communautés juives marocaines florissantes au Canada et à Paris, et le roi pensait qu'elles seraient également sensibles à cet appel. Il espérait aussi que la communauté juive du Maroc et son grand rabbin, qu'il considérait comme son ami, émettraient des appels dans le même sens.

Le roi souleva d'autres problèmes. Il préférait, nous dit-il, que nous adoptions la tactique discrète du porte à porte. Serions-nous prêts à rencontrer d'autres dirigeants arabes, comme le président Bourguiba de Tunisie? Matti répondit que nous aimerions beaucoup que Sa Majesté organise cette rencontre.

Malheureusement, dit le roi, il y avait des régimes arabes qui vivaient de la guerre. Il ne prononça pas de nom, mais je suppose qu'il voulait dire la Syrie et la Libye.

Le roi Hassan croyait aussi que l'Europe était un terrain favorable. La France, sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing, pouvait mener les opérations. Il pensait que nous devrions faire tout notre possible pour soutenir Giscard contre Mitterrand aux prochaines élections.

Et les États-Unis? Avions-nous des relations dans les cercles gouvernementaux? Sinon, le général Dlimi avait de très bons rapports avec le vice-président George Bush. Il arrangerait une rencontre.

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