Sur cette note, l'audience prit fin. Le roi nous reconduisit dans le salon de réception qui, comme son bureau, sentait l'encens, et nous serra chaleureusement la main.

Une fois dehors, dans le chaud soleil hivernal, notre tension céda la place à l'exubérance. L'audience s'était bien passée, bien mieux que nous n'aurions pu nous y attendre. Le roi s'était montré plus qu'amical, un allié.

De la propriété royale, nous gagnâmes directement l'aéroport Mohammed V, au sud de Casablanca. Nous traversâmes les faubourgs de la ville, d'où tant de Juifs étaient partis pour Israël. Un officier chargé de la sécurité nous accueillit à l'aéroport et nous mena au salon des premières où on nous servit du thé marocain parfumé. De là, on nous fit monter directement dans l'avion, sans aucune formalité. Issam s'arrangea pour que nous puissions garder nos laissez-passer marocains en souvenir.

A Orly, il y eut un problème. Il fallait que nous utilisions nos passeports israéliens cette fois. Nous devions aussi remplir des cartes de débarquement qui demandaient la provenance du vol. Regardant le grand panneau d'arrivée, nous vîmes qu'un avion du Portugal venait d'atterrir. Nous écrivîmes: Lieu d'embarquement - Lisbonne. L'employé qui contrôlait les passeports ne leva même pas les yeux sur nous.

- Était-ce simplement une aventure, ou venons-nous vraiment de participer à un événement historique? demanda Arnon.

Le 1er janvier 1981 parut annoncer une année de grandes réalisations. C'était aussi l'anniversaire d'Issam.

J'avais passé la nuit dans son bureau, qui avait deux chambres attenantes, et où je me sentais plus à l'aise et plus en sécurité que dans un hôtel. Cela devint une habitude jusqu'à la mort d'Issam. Souvent je m'émerveillais de la confiance totale qu'il avait en moi pour me laisser seul dans son bureau, avec tous ses documents. Lui-même vivait non

197