Uri Avnery (Sheli): Monsieur le président, respectée Knesset.

La conférence qui vient de se tenir à Taïf a été très modérée. Mais peut-être devrions-nous d'abord essayer de définir ce que les termes « modéré » et « extrémiste » signifient en langage arabe contemporain. On pourrait dire, bien entendu, qu'un « modéré » est quelqu'un qui est d'accord avec le gouvernement israélien, et un « extrémiste » quelqu'un qui lui est hostile. Mais je prends la liberté de proposer une autre définition. Les « extrémistes » sont ceux qui contestent le droit même d'Israël à l'existence; les « modérés » sont ceux qui sont disposés à s'accommoder de l'existence d'Israël, même si les termes qu'ils emploient pour l'exprimer ne sont pas acceptables pour nous, ou pour certains d'entre nous.

Si l'on accepte cette définition, nous devons dire que la conférence de Taïf a été modérée, puisque toutes ses résolutions restent dans la ligne des décisions prises à la Conférence au sommet arabe qui s'est déroulée à Bagdad en décembre 1978, où pour la première fois a été adoptée une résolution unanime qui disait que le but du monde arabe est une paix juste et durable, basée sur la restitution des territoires occupés en 1967 et la création d'un État palestinien sur la rive Ouest et la bande de Gaza, c'est-à-dire aux côtés d'Israël...

... Qu'est-ce qui a été effectivement résolu à la conférence de Taïf? Le Monde, un journal universellement respecté, a écrit que « le chef de la diplomatie saoudienne (et je suppose que cela veut dire le roi Fahd) a donné deux explications pour l'utilisation du terme djihad (guerre sainte): la lutte a pour but de libérer " les territoires occupés depuis 1967 " et ainsi l'intégrité territoriale d'Israël n'est pas mise en doute ». Ce qui signifie l'État d'Israël à l'intérieur de ses frontières d'avant 1967. Quant au caractère du djihad, « l'objectif est d'explorer des moyens pacifiques, en dehors du cadre des accords de Camp David, pour rendre aux Palestiniens leurs droits légitimes à l'autodétermination et à un État indépendant en Palestine ».

Amnon Linn (membre de la Knesset): Et c'est pour ça qu'ils déclarent un djihad?

Uri Avnery: Le mot djihad, tel qu'il apparaît ici, est

un...

Vice-ministre de la Défense Mordechaï Zipori:... mot amical.

Uri Avnery:... un mot qui devrait être complètement

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