président ait pu prendre aucune mesure, je terminai mon discours, saluai et me rassis. Les caméras, alertées à l'avance, avaient convergé sur ce spectacle inhabituel d'un membre de la Knesset agitant à la tribune le drapeau palestinien avec le drapeau israélien.

Cet épisode fut rapporté par les médias du monde entier, et Le Monde me demanda d'écrire un article pour ses pages de politique étrangère, intitulé: « Pourquoi j'ai déployé le drapeau palestinien à la Knesset. »

Mais la réaction la plus significative fut celle du 12 février dans Falastin al Thaiora. L'organe du Fath publiait un article en première page sous le titre: « Le drapeau palestinien pour la première fois à la Knesset! Avnery attaque le gouvernement de Begin. »

Quand je retournai voir Sartawi le 12 mars 1981, je m'attendais à le trouver d'humeur radieuse. A ma grande surprise, il était déprimé.

Quelque chose semblait s'être produit à Rabat après notre départ. Le roi n'avait pas pu poursuivre ses efforts pour mettre au point des entrevues entre nous et le vice-président américain, le président Bourguiba, ou d'autres dirigeants arabes, ni divulguer notre rencontre, ni en organiser publiquement une autre.

Se servant de ses propres sources, Sartawi avait essayé de savoir ce qui s'était passé. La réponse qu'il avait reçue était nette: il y avait eu intervention d'un service de l'administration américaine qui avait demandé que le roi s'abstienne de toute action destinée à favoriser un dialogue entre des Israéliens et l'OLP.

Pour la première fois, Sartawi avait la preuve formelle que les Etats-Unis étaient bien responsables de certains de ses échecs.

Cette conclusion, si pénible fût-elle, était inévitable. Pourtant, ni Issam ni moi n'avions de sympathie pour l'Union soviétique. Nous avions souvent été dénoncés tous

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