l'élégant bureau de monsieur Chapot. C'était le 14 mars 1981, peu avant la date fatidique des élections présidentielles françaises. Chapot était à peu près certain que son chef gagnerait, mais en fait l'issue était douteuse. Il m'accueillit par ces mots:

- Ainsi, c'est vous qui avez brandi le drapeau palestinien à la Knesset!

Je suggérai plusieurs choses: que le président reçoive une délégation du camp de la paix israélien, et que sous son égide soit organisée à Paris une rencontre prestigieuse entre des dirigeants de l'OLP et nous. Entre-temps, il promettait d'aider Sartawi dans ses activités de toutes les façons possibles.

Quand je vis Sartawi plus tard ce jour-là, il se réjouit de cette promesse. Au cours du dîner, et les jours suivants, il me mit au courant des derniers événements survenus dans le monde arabe et au sein de l'OLP.

Une anecdote intéressante: interrogé par un journaliste étranger qui lui avait demandé quel prix il pouvait payer pour la paix avec Israël et la création d'un État palestinien, Arafat avait levé son stylo et dit: « Voilà mon arme de choc. C'est le seul stylo dans tout le monde arabe qui puisse signer un document reconnaissant Israël. Sans ce stylo, toute reconnaissance arabe d'Israël sera sans valeur. »

En 1977, Kaddoumi s'était vu demander par La Stampa s'il était prêt à reconnaître Israël et il avait répondu: « C'est notre meilleur atout. Nous ne le jouerons pas avant de nous asseoir à la table des négociations. »

Quelques mois plus tôt, à l'automne 1980, Sartawi nous avait demandé si nous étions prêts à aller à Beyrouth pour rencontrer Arafat. Bien entendu, il y avait beaucoup de risques. Mais aucun de nous trois n'hésita. Si l'OLP acceptait ce projet, nous irions, quel que soit le danger.

Ce jour-là, en mars 1981, Sartawi me soumit une autre idée encore plus audacieuse. La visite à Beyrouth ne s'était

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