sol syrien, confondra ses ennemis et placera le problème du Golan dans une perspective nouvelle. Après Sadate, le président Assad deviendrait le nouveau héros de la paix, sans avoir à payer le même prix.

Il faut aussi parler de l'influence que cette démarche, et d'autres de même nature, auraient sur les votes des citoyens palestiniens d'Israël. Jusqu'à présent, plus de la moitié d'entre eux votaient pour le parti travailliste et autres forces assimilées, contre leurs propres intérêts et ceux du peuple palestinien dans son ensemble. Après tout, ils représentent quinze pour cent de l'électorat, et ils élisent entre quinze et dix-huit membres à la Knesset, un facteur déterminant.

Je conclus cette lettre avec le sentiment profond que de graves dangers nous guettent, mais aussi avec l'espoir que des mesures communes changeront complètement la conjoncture.

Vous avez accompli de grandes choses, pris de grands risques, montré beaucoup de courage dans l'adversité. Je suis sûr que ces qualités - qui reflètent l'esprit palestinien - vous aideront à faire un geste révolutionnaire.

Chalom.

Uri Avnery.

Afin de mobiliser des alliés, j'écrivis aussi de courtes lettres à Abou Jihad (Khalil Al Wazir), que je n'avais jamais rencontré, à Ahmed Sidki Dajani, dont j'avais fait la connaissance à Rome, et à Khaled Al Hassan.

En rentrant en Israël, je téléphonai à Meir Wilner et demandai à le voir en privé. Nous nous retrouvâmes dans un petit café de Tel-Aviv, où je lui parlai de notre projet et lui demandai ce qu'il en pensait. Il m'écouta sans se prononcer, et me répondit qu'il allait consulter ses camarades.

Quelques jours plus tard, alors que j'étais à une réunion du comité de rédaction, Wilner m'appela. Sa réponse était négative. Les camarades pensaient que cette idée échouerait, serait préjudiciable à la cause, etc...

Les choses en restèrent donc là.

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