Cette démission fit l'effet d'une bombe, elle eut un retentissement international. Du jour au lendemain, le nom de Sartawi, connu jusque-là d'un très petit nombre, fit les titres de la presse partout dans le monde, et surtout en Israël.

Brusquement, pour les médias israéliens, Sartawi faisait figure de héros de la paix: seul membre de l'OLP à avoir prôné la paix avec Israël, il était rejeté de l'organisation. Le soir de sa démission, la télévision israélienne débuta son journal par un grand reportage sur lui.

La démission de Sartawi avait atteint son but. Ce fut le seul événement de la session qui fut largement diffusé, et le problème de ses rencontres avec nous devint le thème central du CNP. La question des contacts avec le camp de la paix israélien, c'est-à-dire le camp sioniste de la paix, devait être affrontée directement.

Mais, comme si souvent par le passé, les divergences furent bientôt aplanies. Sur les instructions d'Arafat, le président du Conseil annonça que la démission de Sartawi n'avait pas été acceptée.

Sur le problème soulevé par Sartawi, rien ne changeait. Dans des interviews ultérieures, Arafat annonça que le CNP avait adopté une résolution qui l'obligeait pratiquement à mener un dialogue avec toutes les forces pacifistes en Israël, citant le nom du Sheli. Un journal pro-saoudien publié à Paris demanda à Arafat s'il poursuivait « ses discussions avec Uri Avnery », et il répondit: « Je n'ai jamais rencontré Avnery, mais mes collaborateurs l'ont fait et continuent à le faire. » Que pensait-il du fait que Sartawi avait prétendu qu'il n'avait plus le droit de poursuivre le dialogue avec nous? lui demanda-t-on. « Que veut donc Sartawi? Personne ne lui a donné l'ordre de rompre ses contacts avec le mouvement pacifiste israélien. Il doit les poursuivre », dit Arafat.

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