saint Paul sur le chemin de Damas: il s'était transformé en colombe.

Mais dans le nouveau gouvernement, il n'y avait plus de freins. Le vrai Begin se révélait, flanqué de Sharon, et du chef d'état-major Eytan.

Le pouvoir était maintenant concentré entre les mains de Sharon, pour qui il incarne l'essence même de la vie. C'est un homme qui respire le pouvoir, qui s'est toujours servi de la force brute pour arriver à ses fins.

A certaines époques, j'avais eu des rapports cordiaux avec Ariel Sharon. Pendant et après la guerre du Kippour, il avait utilisé les colonnes de ma revue pour faire de nombreuses révélations, quand il livrait ce qu'on appelait alors en Israël « la guerre des généraux ».

A la minute où il entra dans ses fonctions de ministre de la Défense, je compris que tout allait changer. Je décidai donc d'écrire un long article sur sa personnalité, son caractère et ses intentions. Une fois par an, à la veille du Nouvel An juif, Haolam Hazeh choisit un « Homme de l'Année », comme le magazine Time, et lui consacre un long article, qui peut totaliser jusqu'à vingt mille mots. Pour l'année 5741, qui se terminait en septembre 1981, nous fixâmes notre choix sur Sharon.

Celui-ci, qui connaît la valeur de la publicité, promit de se montrer coopératif. Je passai de longues heures avec lui à sa ferme et dans son bureau. Il me raconta des souvenirs, me parla de son enfance et de toutes ses luttes. Puis il m'expliqua longuement ses projets, à l'aide de cartes qu'il avait préparées pour ses consultations avec le Pentagone.

J'étais donc dans une situation privilégiée. Il n'y avait aucun doute que Sharon préparait une offensive de grande envergure au Liban, avec le triple objectif de détruire l'OLP, d'expulser l'armée syrienne du Liban, et d'y installer une dictature phalangiste inféodée à Israël.

Il peut sembler étrange que le ministre de la Défense révèle ses projets les plus secrets à un pacifiste israélien qui est ouvertement en contact avec l'OLP. Mais c'est ainsi que

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