réuni à Damas en avril dernier, deux mois avant les élections en Israël. L'OLP aurait alors pu prouver de façon concrète qu'elle est prête à promouvoir une paix véritable, acceptable pour les deux parties, ce qui aurait conféré une certaine crédibilité aux pacifistes israéliens aux yeux de leurs compatriotes.

Monsieur Sartawi a été implicitement désavoué par ses supérieurs. Le conseiller de monsieur Arafat a immédiatement interrompu ses pourparlers avec ses partenaires israéliens dans le dialogue. « Je suis un militant discipliné », a-t-il expliqué, « et je n'ai jamais outrepassé les directives des représentants du peuple palestinien ».

A-t-il l'impression de mener un combat solitaire? Non, a-t-il répondu, au contraire. Il suffit de signaler que plus d'un million et demi de Palestiniens des territoires occupés comprennent, comme lui, l'importance vitale de l'opinion publique israélienne, et apprécient pleinement le soutien moral et matériel que leur apportent les Juifs démocrates devant la répression des forces d'occupation.

Monsieur Sartawi a déclaré avec véhémence que l'OLP devrait tenir compte des opinions et des aspirations de toutes les sections du peuple palestinien, en particulier celles des territoires occupés, sans quoi elle mettra en danger sa représentativité et sa fonction même.

A la suite de cette interview du Monde, La Saïka, l'organisation qui est en réalité le bras de la Syrie au sein de l'OLP, publia une déclaration réclamant l'exécution de Sartawi, ainsi que celles d'Elias Freij et de Rachad Chawa, les maires de Bethléem et de Gaza, qui avaient exprimé des vues similaires. Al Hadaf, l'organe officiel du Front populaire pour la libération de la Palestine, dirigé par Georges Habache, publia en couverture un dessin représentant Sartawi, Freij et Chawa, sous la forme de dés, devant un drapeau israélien. « Les dés dans le jeu de la capitulation palestinienne », disait la légende.

Après que le comité exécutif eut rejeté la proposition de condamner Sartawi, Arafat se sentit assez fort pour faire annoncer au Monde par son porte-parole que Sartawi continuait à le représenter. Il s'arrangea aussi pour faire savoir à qui de droit que tout attentat contre les vies de

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