Sartawi, de Freij et de Chawa serait aussitôt vengé par le Fath. «S'ils sont tués, nous savons tuer aussi!»

Du côté israélien, les réactions ne furent pas moins instructives. Comme Sartawi avait déjà révélé le projet avorté de notre visite à Damas, comme invités du CNP, j'étais libre d'en divulguer les détails. C'est ce que je fis dans un article circonstancié dans Haolam Hazeh.

La réaction la plus significative fut celle du parti communiste israélien. Tawfik Toubi, le numéro deux du parti, attaqua violemment Sartawi à une réunion du comité central de son organisation. Cela parut plutôt surprenant, jusqu'à ce que cette attaque parût en bonne place dans Al Safir, un journal libanais notoirement géré par des agents libyens. Nul doute que l'attaque de Toubi avait été inspirée par les éléments pro-syriens et pro-soviétiques de l'OLP, qui voulaient la peau de Sartawi.

Je revis Sartawi à Vienne le 18 mars 1982. Il me parla des derniers remous au sein de l'OLP que je viens de relater. Manifestement, il se sentait de nouveau capable d'influencer la direction de l'OLP dans la bonne voie. Il était allé plusieurs fois à Djeddah et à Amman, où il avait trouvé des oreilles attentives. Il souhaitait que les Saoudiens financent ses activités, ce qui lui permettrait d'établir un réseau mondial de groupes pacifistes palestiniens. Il voulait aussi que les Jordaniens l'autorisent à parler à la télévision jordanienne, qui était largement regardée en Israël et dans les territoires occupés. Il avait assurément le vent en poupe.

Pendant que nous parlions, il y eut un appel de Beyrouth. Une autre fois, alors qu'il me parlait au téléphone, il y eut un appel de Djeddah sur la deuxième ligne. Le bureau de Sartawi devenait le lieu clé de la politique inter-arabe. Mais à l'évidence, aucun gouvernement arabe ne pouvait le soutenir de façon décisive, tant que l'OLP n'avaliserait pas nettement sa position. Les déclarations sporadiques d'Arafat ne suffisaient pas.

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