Sartawi était descendu dans un petit hôtel du centre de Vienne, presque une cachette. Vienne était devenue un centre d'activité terroriste. Pendant les heures passées dans sa petite chambre, nous nous penchâmes sur un problème précis. Le groupe d'Abou Nidal avait assassiné un fonctionnaire juif viennois, Heinz Nittel. Un peu plus tard, deux terroristes d'Abou Nidal avaient été interceptés à leur arrivée à l'aéroport de Vienne. Par l'intermédiaire de Sartawi, la police autrichienne avait établi une collaboration étroite avec les services de sécurité du Fath, afin d'éviter tout attentat contre Kreisky inspiré par la Syrie, et d'autres actions terroristes.

Qui était cet Abou Nidal?

Issam passa un long moment à me parler de l'homme et de son organisation, me demandant mon avis sur plusieurs aspects du problème.

Sabri Al Banna, surnommé Abou Nidal (« Père de la Lutte ») était l'un des vétérans du Fath. J'avais entendu parler de lui pour la première fois par Sabri Jirys, lors de ma première rencontre avec Sartawi. Selon Jirys, Abou Nidal avait d'abord été le représentant de l'OLP à Bagdad. Là, il était passé dans le camp des Irakiens et il était devenu leur agent contre l'autorité du Fath. A cette époque, les Irakiens étaient, de tous les extrémistes arabes, ceux qui avaient la position la plus radicale, et ils combattaient activement la ligne modérée du Fath.

En Arabie Saoudite, en tant que réfugié palestinien, Al Banna avait occupé des emplois subalternes. Or, dans ce royaume aristocratique, on méprise les étrangers en général, et les ouvriers en particulier. Il lui en était resté, semble-t-il, une haine violente contre l'Arabie Saoudite et tous les régimes arabes conservateurs, haine qu'il avait bientôt reportée sur Yasser Arafat et ses collègues qui essayaient de louvoyer entre les différents camps arabes et se rapprochaient de la tendance modérée saoudienne. L'Arabie Saoudite était d'ailleurs la principale source de financement de l'OLP.

Abou Nidal, dénonçant ouvertement Arafat comme

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