Monsieur Sartawi a refusé de nommer les pays arabes auxquels il faisait allusion, mais tout le monde sait que la Syrie et l'Irak ont offert hospitalité et soutien aux commandos d'Abou Nidal. « En dépit des avantages qu'ils en ont retirés », a conclu monsieur Sartawi, « nous espérons que les pays arabes mettront fin à cette coopération une fois que les documents que nous possédons, et qui incriminent leur protégé, auront été portés à leur connaissance. »

Sartawi voyait une preuve concluante de la collusion israélienne avec Abou Nidal dans un épisode qui s'était déroulé un peu plus tôt. Majid Abou Sharar, le dirigeant de la fraction pro-soviétique de l'OLP, s'était fait assassiner à Rome. Il était l'un des participants de la conférence israélo-palestinienne de Rome en 1979. Après le meurtre, l'OLP avait prétendu qu'il avait été abattu par des agents israéliens.

Quelques jours plus tard, le journal d'Abou Nidal avait publié en couverture la photo d'Abou Sharar, le réclamant comme un membre du groupe, et avait accusé Arafat de l'avoir tué. Le successeur d'Abou Sharar à la tête de la fraction pro-soviétique du Fath fut Abou Saleh, qui, plus tard, allait devenir le chef de la « dissidence », la fraction qui rompit avec le Fath et prit les armes contre lui, sous les auspices de la Syrie, en 1983.

Mais ce qui avait attiré l'attention de Sartawi était autre chose. L'OLP ayant prétendu qu'Abou Sharar avait été tué par le Mossad, il aurait été logique que celui-ci fasse valoir l'article du journal d'Abou Nidal qui accusait Arafat de cet acte, pour se discriminer. Et pourtant, ni le Mossad, ni aucun autre service israélien ne releva cette allégation, dont les médias israéliens ne soufflèrent mot, jusqu'à ce que j'en parle dans ma revue. Quelle preuve plus évidente pouvait-il y avoir - selon Sartawi que le Mossad avait intérêt à aider et encourager Abou Nidal?

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