- Mais les Israéliens l'arrêteraient. Ils lui tireraient dessus!

Le vieux monsieur répondit de sa voix douce:

- Ce serait excellent. Arafat en prison, ou martyr, serait beaucoup plus utile à sa cause que vivant et incapable d'agir.

Il était facile de juger sévèrement Arafat, mais la situation était beaucoup plus complexe qu'il n'y paraissait de l'extérieur.

Au printemps 1982, toute personne bien informée savait que la guerre était imminente. Pour l'empêcher, l'OLP devait convaincre les États-Unis d'amorcer d'urgence un dialogue avec elle pour préparer une solution de paix qui tiendrait compte des Palestiniens.

Comme Sartawi ne pouvait pas se rendre aux ÉtatsUnis à cause de l'interdiction de visa qui le frappait, il lui fallait trouver un intermédiaire. Après avoir consulté Kreisky, le Foreign Office et le Palais de l'Élysée, il décida que le meilleur médiateur serait un Tunisien. Faisant jouer ses relations avec l'épouse d'Habib Bourguiba et d'autres personnages du gouvernement tunisien, il alla voir le président, et lui demanda son aide. Bourguiba, qui avait appelé les pays arabes à reconnaître Israël dix-sept ans plus tôt, se montra enthousiaste. Il ordonna à son Premier ministre, Mohammed Mzali, d'aller en Amérique et de négocier en vue d'un dialogue.

Le problème était de trouver une formule acceptable pour la majorité de l'OLP, et qui satisfasse aux conditions américaines. Arafat devait être sûr que les Américains seraient d'accord avec la formule proposée et se conformeraient donc à l'obligation d'ouvrir un dialogue. Les deux camps devaient adopter à l'avance un texte définitif, il fallait mettre au point la forme que prendrait la réponse américaine, les délais devraient être fixés, et tout cela sans que les parties se rencontrent, et en gardant le secret total sur ces contacts indirects, sous la menace d'une guerre imminente.

C'était déjà en théorie un exercice de haute diplomatie,

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