Beyrouth. Ceci mettait fin à l'armistice officieusement négocié par le médiateur américain, Philip Habib. Cet accord un peu particulier entre deux camps qui ne se reconnaissaient pas mutuellement, Israël et l'OLP, avait sauvegardé la frontière nord d'Israël depuis onze mois, au cours desquels pas un Israélien n'avait été blessé, ce qui donnait une idée du contrôle qu'Arafat était capable d'exercer même sur les éléments les plus extrêmes de son organisation.

Le vendredi 4 juin, l'aviation israélienne soumit Beyrouth-Ouest à une attaque aérienne intensive, la plus meurtrière jusque-là. L'OLP, le samedi 5, riposta par un tir d'obus sur la frontière nord d'Israël. On pense que cinq cents personnes environ périrent dans le bombardement de Beyrouth. Du côté israélien, le tir d'obus de l'OLP fit un mort.

Le soir même, le gouvernement israélien décidait d'envahir le Liban. C'était la guerre.

Le quatrième jour des hostilités, vendredi 9 juin, je décidai d'aller voir ce qui se passait sur le front. Aucune autorisation de traverser la frontière n'était accordée aux journalistes israéliens. Accompagné d'une photographe et d'une correspondante, je cherchai un moyen de passer dans ma voiture personnelle. A tous les postes, nous fûmes interceptés par des patrouilles militaires.

J'étais sur le point d'abandonner quand, près de Metulla, je trouvai un passage gardé par un soldat qui lisait Haolam Hazeh. Il me reconnut et fraternellement me fit signe de passer.

Nous roulâmes tranquillement pendant quelques heures à travers la campagne, tantôt seuls, tantôt au milieu de convois militaires. Partout, nous étions bien accueillis. Après avoir traversé le Litani et évité Nabatiyeh, nous atteignîmes les abords de Sidon qui n'était pas encore occupée. Des combats se déroulaient dans la ville et près de là, dans le camp de réfugiés d'Ein Hilwa.

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