l'ambassadeur israélien constituaient manifestement la provocation en question.

Sartawi avait toujours soupçonné Abou Nidal d'émarger du Mossad, les services secrets israéliens. Pour lui, il était clair que Sharon avait tout bonnement donné l'ordre à Abou Nidal de tuer l'ambassadeur israélien le 3 juin, conformément à son plan d'action.

Je refusais d'admettre cette théorie. Je trouvais inconcevable, et je le pense encore, que même un Sharon puisse donner un ordre pareil, ou que le Mossad puisse s'y conformer. Mais si ce n'était pas les Israéliens, qui cela pouvait-il être?

Nous pensâmes d'abord aux Irakiens. N'étaient-ce pas eux qui, les premiers, avaient soutenu Abou Nidal? Ils étaient alors en très mauvaise posture: l'invasion de l'Iran par l'Irak avait échoué, et les Iraniens rassemblaient leurs forces pour attaquer Bagdad. On pouvait concevoir que dans leur désespoir les Irakiens avaient favorisé le déclenchement de la guerre, afin d'avoir un prétexte pour lancer un appel vibrant à leurs frères musulmans iraniens et au reste du monde arabe, et de leur demander de mettre fin au conflit irako-iranien.

Mais le fait était qu'en juin 1982, Abou Nidal se trouvait à Damas, d'où il opérait. Il était improbable qu'il dirige une action qui pourrait se retourner contre les Syriens. D'ailleurs, les conditions en Syrie étaient telles qu'Abou Nidal ne pourrait jamais rien entreprendre de semblable sans ordres formels du dictateur syrien.

Mais était-ce imaginable? Pourquoi Hafez Al Assad ordonnerait-il une action qui entraînerait un assaut israélien contre l'armée syrienne au Liban?

La réponse était fort simple, mais il nous fallut du temps pour la trouver. Les Syriens ne s'attendaient pas à ce que Sharon les attaque. Ils étaient certains que toute la puissance de l'armée israélienne serait dirigée contre les troupes de l'OLP, et que Yasser Arafat et son organisation s'écrouleraient au bout d'un jour ou deux. Le mini-Etat de l'OLP serait détruit, Arafat serait tué ou pris par les

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