palestinienne retint l'armée israélienne pendant des jours. Arafat me raconta plus tard qu'il allait quotidiennement visiter le front à cet endroit, sachant l'importance vitale de cette bataille, accompagné d'Abou Jihad et Abou Walid, ses adjoints politique et militaire à la direction du Fath. Cent soixante combattants palestiniens y trouvèrent la mort, mais le temps gagné permit à Beyrouth-Ouest d'organiser sa défense, qui dura plus de soixante-dix jours.

- Avant le commencement de la guerre, pas une mine n'était en place, nous n'étions pas prêts du tout, me dit Arafat.

Beyrouth fut encerclée, et ce fut le début d'un long siège. Le commandement de l'armée israélienne n'avait ni prévu ni préparé une opération aussi longue, qui changea complètement le visage de la guerre, et fit de Yasser Arafat un héros national.

Le gouvernement socialiste français, comme les Américains, comme les Russes, restait sur la réserve, en attendant l'issue du conflit, calculant cyniquement les avantages à tirer de la catastrophe. Je pensais constamment au Génocide. Le silence, le cynisme, les expressions polies de regret, c'était la reproduction, à une échelle plus réduite, de l'attitude internationale en ces années terribles. C'était un sujet souvent évoqué en Israël. Pourquoi le monde avait-il gardé le silence? Pourquoi personne à l'exception de quelques non-juifs, que l'on peut comparer aux Justes de la Bible, n'avait-il bougé pendant que les Juifs s'en allaient en fumée?

Nous sentions qu'en tant que Juifs notre devoir était de nous conduire comme ces Justes, comme nous aurions aimé que les autres se comportent quand nous en avions tant besoin. Nos amis français organisèrent une conférence de presse pour Issam, Matti et moi. Nous prîmes place sur une estrade, face à un public composé d'une centaine de personnes, préoccupées, pour des raisons diverses, par la guerre du

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